C’est étonnant, quand j’y pense. Il y a quelques années, quand on me parlait d’incentive, j’avais tendance à devenir ronchon. Il faut dire que j’ai travaillé pour certaines entreprises qui savaient davantage jouer du bâton que la carotte. Dans ces boîtes, la DRH nous demandait de nous donner à 300 % mais donnait très peu en retour. On se retrouvait donc à se donner à fond pendant un mois pour remporter des bonbecs (véridique !), très peu pour moi. La firme pour laquelle je travaille désormais a cependant être un peu mieux qualifiée pour manager. Du coup, lorsqu’elle présente un incentive, la dotation est à la hauteur de l’effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec joie que j’accueille les nouveaux challenges, et je me donne à 200 %. L’année dernière, j’ai ainsi gagné un iPad, un scooter, des places VIP pour des matchs de foot… Si je me satisfaisais déjà de ce quatorzième mois, il y a quelques semaines, j’ai toutefois décroché le pompon : un voyage de quatre jours dans les Fidji ! Au départ, je dois admettre que je n’étais pas très pressé à cette idée. Quitte à choisir, j’aurais préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, naturellement (histoire de renforcer la cohésion des équipes, tout ça). Le concept m’embarrassait assez. Partir en voyage avec ses collègues, ce n’est pas vraiment du boulot, mais c’est quand même loin d’être des vacances. On ne se comporte pas au travail comme on se comporte à la maison. Il y a un rôle à jouer, celui du mec qui se relâche car il n’est plus au boulot… tout en faisant quand même garde à ce qu’il fait, vu que les collègues sont présents. Enfin, ça, c’est ce que je croyais avant de partir. Parce qu’une fois sur place, je me suis surtout rendu compte qu’une virée entre hommes, ça permet aussi d’être naturel. Mais d’un naturel assez différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai dû perdre quelques neurones lors de mon séjour, mais ça fait quand même du bien. Je craignais que les activités qu’on nous propose sur place aient le goût d’un plat micro-ondable. Vous avez déjà certainement subi un tel moment : vous vous retrouvez coincé dans une activité où vous avez l’impression d’être dans un Disneyland en carton pâte. J’ai déjà vécu ce genre de moment au cours de voyages avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, cette fois encore, fait preuve d’intelligence : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé d’un bout à l’autre, et nous a préparé un voyage vraiment authentique. Si celui-ci s’est révélé assez riche, ça a été un vrai plaisir : nous n’avons pas eu affaire à un séjour touristique (le colon blanc venant s’amuser chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités proposées sur place soient consternantes. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été conçue par un animateur de colo qui n’a pas compris qu’il s’adressait à des adultes. Ma société a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a comblé ses employés grâce à un voyage, mais a aussi contribué à resserrer les liens entre ceux-ci. Je pense que je suis en définitive arrivé à destination. Il y a eu une période où je voyageais d’une boîte à une autre. Aujourd’hui, je me surprends à ne même plus regarder de quelle couleur est l’herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de se sentir arrivé à destination.

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